Scenario #1 – par Korrode.

Le 8 Veltom 1506 TH.

Je le vis arriver d’un pas pressant et avec de grands yeux écarquillés. Il a beau être celui dans lequel je place le plus d’espoir en ce moment, je sentais qu’il allait une nouvelle fois m’exaspérer.
J’avais vu juste, son récit teinté de peur de ce qu’il avait vu, d’excitation de l’événement et de terreur rien qu’en me parlant fut difficile à appréhender. Lane Biev est mort et quelqu’un l’aurait tué.
Le jeune elfe Ellyn répéta une deuxième fois son histoire associant mon inactivité à un probable problème de compréhension. Il n’en était rien. S’il était mort, son architrame s’était déjà fondue dans l’Astral et nul besoin de se précipiter tout simplement. Mon jeune apprenti me montrait à nouveau à quel point il était loin de pouvoir prendre place à mes côtés et maitriser la Discipline de la Nécromancie.
“Conduis moi à lui” finis je par lui dire, voyant que mon calme allait devoir affronter son excitation si je ne faisais pas quelque chose.

Nous sommes partis sur le Chemin des Morts, endroit où repose les restes matériels de nos adeptes passés. Cet endroit n’a que peu d’intérêt astral mais j’aime à penser qu’il sert de catalyseur aux maitrises des disciplines. Les adeptes sont très utiles de leur vivant, comme toute architrame mais se souvenir de leurs exploits peut peut-être aider à créer de nouvelles vocations. Les miens, les autres trolls, ne sont pas d’accord avec ces pensées. Quand l’architrame a disparu, il n’y a plus rien qui relit l’astral au donneur de noms qui la composait, ainsi leurs souvenirs ne sont pas reliés à eux mais à l’endroit où nous les honorons. C’est un point de vue que je respecte mais si les lieux sont nommés du nom de l’architrame disparue, peut on supposer qu’elle ait complètement disparue…

“Adepte, Adepte, c’est ici”, les paroles d’Ellyn me sortirent de ma réflexion ésotérique. Une nouvelle fois, j’avais parcouru ce chemin machinalement de mon pas lourd et lent, perdu dans mes théories.
Je ne pus que constater également le décès de Lane Biev, son architrame avait disparu. Ne restait que cette coquille humaine, vide, vide de l’adepte qu’il devait devenir dans quelques jours. Je l’aimais bien ce Lane. Il venait souvent ces derniers jours devant la tombe de Velish’ omel, l’adepte archer t’skrang. En effet, il devait bientôt procéder à la cérémonie pour officialiser sa maitrise de la discipline d’archerie. L’architrame de Lane aurait elle été liée à ce lieu de prière ou y aurait il un lien créé avec l’architrame passée et disparue de l’adepte Velish ? Lane étant mort, est ce que ce lieu serait toujours la tombe de l’adepte Velish ou la tombe de Lane ? Que viendraient prier les prochains prétendants à la maitrise de la discipline ? Ces deux architrames, disciples de l’archerie avaient-elles des points communs ?

Une nouvelle fois, Ellyn me tira de mes pensées, ne me laissant pas finir mon analyse. “Adepte, que fait-on ? Doit on prévenir la sécurité, le conseil ?”. Mon regard courroucé de son dérangement le fit taire en un instant. “Je m’occupe de prévenir le conseil, va chercher les autres et ramenez la dépouille à l’obituaire” lui dis-je d’un ton direct et quelques peu grondant. Ellyn sursauta, ne comprenant surement pas une nouvelle fois la colère que je contenais. Il détala comme un lapin, bien que respectant tout de même le Chemin des Morts. Il y aurait du travail avec lui mais au moins, il avait retenu les bases.

Je me dirigeais donc vers la salle où siège le Conseil. Comme à mon habitude, je pris par le Sud, préférant ainsi les ruelles des quartiers Ork et Trolls au brouhaha central qu’il devait y avoir en ce début de soirée. Les ruelles désertes des habitations abandonnées depuis des années me rappelaient le Chemin des Morts dans un certain sens. Mais elles étaient grises et ternes, abandonnées même par l’astral. Contrairement au Chemin des Morts, ces rues et habitations n’avaient plus de visites, plus de lien avec leurs passés. Étaient elles des endroits plus sûrs pour se protéger des Horreurs ou au contraire devenaient elles des points facilement repérables par ces créatures ?
C’est le salut des uns et des autres qui me tira une nouvelle fois de mes réflexions théurgiques. Je vois bien dans leurs regards qu’ils sont loin de toutes ces pensées. Si seulement ils comprenaient, peut être aurions nous plus facilement des adeptes maitrisant leurs disciplines. Mais comment leur expliquer que tout est lié, que l’astral relie tout. Je n’ai pas les mots, je n’ai pas la patience, je n’ai pas de temps à perdre. Trop tard pour ce soir, quelqu’un a décidé de me prendre mon temps en tuant le jeune Lane sur le Chemin des Morts. Quoique, mon architrame serait elle également liée à ce lieu ? A cet événement ? Pourquoi ? Je suis déjà adepte, qu’est ce que cela peut m’apporte ?

C’est devant la porte du conseil que je concentrais mon esprit. Étrangement, j’entendis des voix. Le conseil tenait une réunion improvisée ? J’espère que ce cher Moraël Dartham ne me fera pas perdre plus de temps. Ce nain est un bon gestionnaire, il est utile au Kaer mais je crois bien qu’il ne comprend rien à l’astral, me posant parfois des questions aussi bêtes que celles de mes apprentis. Je souris à ces souvenirs et frappa trois fois de mon poing lourd la porte.
Glaive, l’intendant nain du conseil, ouvrit la porte. Passé son éternel effet de surprise en me voyant, il en ajouta un “Adepte Korrode, vous, vous n’étiez pas convié au conseil” balbutia-t-il de peur de m’offenser.
“Non, mais cela tombe bien, je dois leur parler urgemment” lui répondis je du même ton que j’avais utilisé quelques minutes plus tôt avec Ellyn.
Il s’exécuta rapidement, heureux de quitter ma présence surement. Quelques instants passèrent et il me fit entrer dans la salle.

Nombreuses étaient les personnes attablées, tout le conseil était présent sauf l’archiviste. Je perçus également l’adepte Montaro tentant de faire petite sa grosse carcasse d’Ork. Je l’aime bien cet Ork. Son architrame est tellement complexe, reliée à tellement d’autres. Il n’en a surement pas conscience mais il est rare dans son genre. Les filaments sont présents mais tellement fins, ses facultés et sa maitrise de la discipline du vol l’amènent souvent à croiser d’autres architrames mais à ne pas interagir avec. Pourtant le lien astral est créé, qu’il le veuille ou pas, quels impacts cela a-t-il ? Je le salue d’un signe de tête ainsi que de son nom “Adepte Montaro“
Je salue également l’adepte Elysia Vorfeld, présente en tant que membre du conseil. Cette architrame est également d’une richesse insoupçonnée, bien que plus volubile et donc plus difficile à analyser. Elle est l’opposée de l’adepte Montaro, cherchant à créer des liens et des contacts à la moindre occasion. Pourtant ces liens sont aussi fins que ceux que créent l’adepte Montaro. Est ce que le nombre de liens empêche Elysia de trouver ceux essentiels à son architrame ou est-ce elle même qui crée des liens fins ne souhaitant pas s’investir dans les relations ? Si seulement, elle pouvait moins se disperser lors de nos échanges, je pourrais surement en comprendre davantage.
Je la saluais également d’un “Adepte Vorfeld” qu’elle me retourna avec un léger sourire. Contente de me voir ou sourire d’inquiétude de ma présence.
“Conseil, Lane Biev est mort et on l’a assassiné” sont les mots que j’ai prononcé ensuite. Peut être aurai je du y mettre d’autres formulations. Passé les quelques secondes de chocs, je fus assailli de questions toutes plus inutiles que les autres du genre “êtes vous sûr ? Pourquoi ? Où ça ? Comment ?”. Qu’est ce que cela avait il comme importance, son architrame s’était dissoute. Point.

Suivi un blabla et discours entre membres du conseil qui commençaient à faire monter en moi une certaine envie de tourner les talons mais je reconnais que Moraël eut les bons mots. “Pas un mot de tout cela à quiconque pour le moment, adepte Vorfeld, adepte Korrode et adepte Montaro, nous devons trouver le responsable de cela. Cela n’était jamais arrivé auparavant.” La remarque du nain était juste. Est ce que cet événement allait perturber l’astral dans Kaer Amara ? Cela valait bien la peine que je m’y intéresse. Moraël nous imposa son fils Orik chef de la sécurité du Kaer. Cette architrame est encore un mystère pour moi. Elle est complétement inutile, Orik n’ayant aucune compétence et peu de chance de développer une discipline quelconque mais arrive à tisser des liens forts avec d’autres architrames. Est ce la pitié, la compassion, la moquerie ou sa bêtise qui lui permettent d’avoir ces liens ? Je ne sais pas mais partout où il va, son passage ne s’oublie jamais, quel rôle l’astral a t il prévu pour cette architrame. J’aurai peut être une nouvelle fois l’occasion d’en savoir plus et fort heureusement pour moi, grâce à l’adepte Montaro et l’adepte Vorfeld, je n’aurai même pas besoin de lui parler. A mon tour, j’esquissai un sourire, heureux de la composition de cette équipe.

Pour ne soit disant pas éveiller de soupçons dont je ne percevais pas l’objectif, nous nous séparâmes à la sortie de la salle afin de nous rejoindre aux marches Sud du Kaer. L’adepte Montaro me suivant à quelques rues vers le Sud pendant que l’adepte Vorfeld et Orik feraient un détour vers le Nord.
Arrivés aux marches Sud, je sentis l’adepte Montaro un peu tendu. Est-ce le fait de parcourir le Chemin des Morts ou le fait de ma présence ? Il détourne parfois le regard. Nous avons du attendre 20 min les 2 autres. Suis je étonné ? Pas du tout, le temps se ralentit en présence de l’adepte Vorfeld qui a toujours quelque chose à dire, quelque chose à regarder, quelque chose à chercher. C’est agréable d’avoir quelqu’un qui détourne si facilement l’attention sauf quand il n’y a rien à détourner…

Nous nous engageons sur le Chemin des Morts. Tout comme l’adepte Montaro, Orik pâlit et avance d’un pas peu assuré. Je ralentis volontairement le pas afin de leur faire apprécier l’endroit et leur donnant ainsi l’occasion de célébrer les mémoires des anciens adeptes. Comment les architrames des adeptes et des gens du communs vont elles interagir ? Aurai je le temps de les étudier ? Verrai je les filaments et les liens se créer ?
Malheureusement non, ils semblent tous trois pressés de voir l’endroit où Lane est mort. Soit, allons y.
Evidemment, une fois sur les lieux, le corps n’est plus présent. Le contraire m’aurait obligé à sermonner Ellyn ou mes autres apprentis. Je constate qu’ils ont bien fait les choses et ont apporté la dépouille.
Je les laisse tous les trois à leur inspection. L’adepte Montaro semble être le plus à l’aise, Orik commet maladresse sur maladresse et l’adepte Vorfeld complexifie les recherches par ses innombrables mais intéressantes questions. Dommage qu’elle soit si virevoltante.
L’endroit ne nous apprend rien de plus et il va donc falloir examiner le corps. Les deux adeptes souhaitent aussi interroger Ellyn, partant dans des théories où mon apprenti pourrait être un coupable potentiel. Cette enquête va être longue j’ai l’impression.

Arrivés à l’obituaire, mes apprentis sont présents, attendant d’autres consignes. Sur recommandation de mes 2 comparses, je les envoie à diverses tâches afin qu’ils ne rentrent pas chez eux ce soir et ainsi n’ébruitent pas l’affaire trop tôt. Seul Ellyn reste présent car devant être questionné.
Je pénètre dans le funérarium afin d’observer le corps, invitant le reste du groupe à me suivre. Mais étrangement, à peine ont ils passé le seuil de la porte qu’ils ressortent immédiatement. L’adepte Montaro s’est mis la main sur la bouche, puis est sorti blanc comme un linge. Même l’adepte Vorfeld, si souvent loquace, n’est restée qu’un bref instant et est sortie précipitamment, j’avais bien l’impression qu’elle avait des hauts le coeur. Est ce le lieu qui les indispose ? Leur architrame ne souhaite donc pas être présent ici. C’est intéressant. Il faudrait que j’invite d’autres adeptes afin de voir s’ils ont la même réaction. Il me faudrait trouver le lien entre leurs architrames et ce lieu. Devrait il être nommé ? Est il déjà nommé sans que je le sache ?
Je m’égare une nouvelle fois. Allons voir cette coquille de Lane Biev. J’appelle Ellyn d’un ton autoritaire afin qu’il vienne m’assister et profite ainsi de l’occasion pour améliorer sa discipline ou définitivement l’abandonner. Il faudra bien savoir un jour où va ce jeune elfe.
Il accoure rapidement. Je surveille son entrée. Lui également marque un temps d’arrêt mais peut être est ce mon regard inquisiteur qui le stoppe. Néanmoins, il me rejoint comme à l’accoutumée, toujours fébrile mais sans rechigner.

Nous retournons le corps dans tous les sens pour le fouiller et examinons la blessure ayant entrainé la mort. Elle se situe à la tête, du côte tempe et semble avoir été faite par un objet contondant et pointu. Peut être un marteau ? Ellyn rechigne un peu à mettre les doigts dans cette coquille vide, étrange, il n’est peut être pas si prêt que ça de maitriser cette discipline. Cela prendra peut-être plus de temps avec lui.
En tout cas, ce pauvre Lane est mort sur le coup. Un coup puissant. Ellyn avait évoqué une dispute ou des propos bruyants, une honte sur le Chemin des Morts. Qui vient sur le Chemin des Morts avec un marteau ? Était ce prémédité ou l’objet sert il d’outil du quotidien et une dispute à envenimer la situation ? Ah la la, l’adepte Vorfeld commence à déteindre sur moi, vite que j’aille lui rapporter cela et qu’elle se charge de se poser ce genre de questions sans réponse.

Au moment de sortir, je remarque qu’une bougie a été allumée dans la pièce. Qu’elle est donc cette idiotie ? il fait déjà clair dans la pièce. Un peu énervé, je lance un “Ellyn” un peu grave histoire d’avoir des réponses rapides. Une nouvelle fois balbutiant un charabia, ce dernier me dit que c’est cela qu’ils font pour “leurs” morts. Je lui fais remarquer que cela ne sert à rien, que Lane était un humain et non un elfe et qu’il ferait mieux de m’éteindre cela. Il m’envoie un “oui, adepte Korrode” mais je sens bien une légère désapprobation dans sa voix. Hum, peut être devrai-je un peu plus insister sur sa condition d’elfe afin de voir si cela lui permettrait de développer sa discipline de la nécromancie. Cela supposerait il que la discipline serait liée à l’architrame qui la maitrise ? Je manquerai d’éléments pour avancer cette thèse, nous n’avons que trop peu d’adeptes à étudier malheureusement.

Je sors et je vois l’adepte Montaro, l’adepte Vorfeld et Orik errer à bonne distance, semblant reprendre leur souffle, pourtant ils n’ont pas fait d’effort. Je les informe de mes découvertes. Ils se disent qu’il est déjà tard et qu’il vaut mieux se reposer pour avoir les idées claires le lendemain. L’idée étant d’aller voir les fréquentations de Lane afin de voir si l’une d’elles pouvait nous apporter des informations supplémentaires. Le rendez-vous est donné au centre du kaer sur la place du marché de bonne heure. A n’en pas douter une idée de l’adepte Vorfeld, je soupire de ce choix fort peu propice à la réflexion et au calme. J’espère que ma présence suffira à éloigner les curieux.

Le 9 Veltom 1506 TH.

La nuit fut bonne, comme à son habitude, propice au calme et à la réflexion. Je suis curieux de savoir ce que l’astral nous a réservé aujourd’hui. Que vais je pouvoir apprendre sur les architrames ?
Je rejoins mes deux compagnons sur la place du marché, l’adepte Montaro étant déjà présent. Notre présence commune attire les regards semble-t-il mais peu ose franchir le pas de ma barrière naturelle. Quelques instants plus tard, nous voyons arriver l’adepte Vorfeld. Surprenant, elle éconduit nombre de sollicitations. Aurait elle mal dormi ? Son architrame serait elle perturbée par de nouvelles informations ? Non, en fait, son excitation est à son comble et à peine arrivée, elle commence à parler du sujet nous concernant. J’apprécie l’adepte Montaro qui nous propose d’aller chez lui pour discuter plus discrètement. Je ne l’aurai pas dit avec la même diplomatie.

Arrivés chez lui, il nous prépare et nous verse un verre de Hurlg. Cette boisson forte dès le matin permet de nous mettre rapidement dans le sujet. Orik a été envoyé de manière fort habile par l’adepte Montaro sur un autre aspect de l’affaire afin qu’il ne traine pas dans nos pas. Après quelques hésitations et regards échangés avec l’adepte Vorfeld, je constate que l’ork avait d’autres informations à relier à notre affaire. Il s’excuse de sa prudence à mon égard mais je ne lui en tiens pas rigueur. Ainsi sont les filaments et les liens de l’astral, se révèlant quand nécessaire. J’en déduis que mon architrame serait davantage liée à ces 2 adeptes que je ne le pensais. Intéressant.

Il m’apprend que Lane Biev avait eu des mots avec l’elfe Ellahar, un jeune apprenti de l’adepte Caraleï qui a échoué pour le moment à devenir adepte. Là où Lane avait réussi et dont la cérémonie est prévue, enfin était prévue dans quelques jours. Cet elfe Elahar serait également un leader d’un cercle poétique d’elfes. L’adepte Montaro nous apprend que ce cercle d’elfes aurait un peu trop tendance à mettre en avant les poèmes de l’extérieur, galvanisant les esprits à l’envie de sortir de Kaer Amara. Quelle drôle d’idée ! Sortir ! Les Horreurs seront elles à notre porte ? Auront elles disparues ? Serait ce là, le rôle de l’architrame de Lane, nous mener vers une guerre civile entre ceux qui veulent sortir et ceux qui ont peur de l’extérieur ? Très intéressant. Je dois avouer que je vois bien l’utilité individuelle de chacun au sein du kaer mais si j’élève mon esprit et mes questions, quelle est l’utilité de notre kaer mourant. Notre population diminue d’années en années, notre savoir disparaît et peu d’adeptes émergent. Qu’a prévu l’Astral pour notre kaer, cette journée sera peut être riche d’enseignement.
L’adepte Montaro me sort de mes réflexions et nous décidons d’aller questionner l’adepte Caraleï sur Ellahar mais aussi l’informer du décès de son apprenti. J’ai hâte de voir les architrames de l’adepte Vorfeld et de l’adepte Caraleï interagir, j’ai un doute sur leur compatibilité. Je souris à l’adepte Montaro qui doit penser que sa boisson a eu un effet sur moi.

Nous sortons de chez l’adepte Montaro. Je prends note de ses méthodes d’enseignement des apprentis. En effet, l’un d’eux est venu nous déranger mais sans ce que cela n’évoque une réelle surprise de la part de l’adepte Montaro. Il a mis en place un relationnel où lui même met au défi ses apprentis de l’observer. Est ce que la volonté de dépasser le maitre porte ses fruits sur ses apprentis ? Pour le moment, le résultat n’est pas probant mais peut être faudrait il que je réfléchisse à une approche de la sorte.

Nous nous dirigeons vers le lieu d’entrainement des apprentis de l’adepte Caraleï, il s’agit probablement du meilleur endroit pour le trouver. Je remarque que l’adepte Vorfeld prend très à coeur cette affaire et fourmille d’idées, de pistes à suivre. C’est intéressant mais sans avoir la possibilité de les mener à bout de suite, elles sont plus épuisantes qu’autre chose. L’adepte Vorfeld s’interroge sur comment présenter les faits à l’adepte Caraleï, c’est étrange cette façon de réfléchir à la façon de présenter les choses, de savoir comment l’autre va le percevoir, ce qu’il faudrait donc dire, faire ou ne pas dire. C’est une grosse perte de temps, pourquoi ne pas aller à l’essentiel, les propos seront toujours les mêmes et l’information sera toujours transmise au destinataire. Peut être est-ce pour cela que peu de personnes me parle, suis je trop direct ? Mais ai-je du temps à gâcher ? Après cette affaire, peut être qu’une réflexion s’imposera.

Quand à l’adepte Montaro, je sens son architrame vacillante. C’est vrai que le Hurlg lui avait fait du bien, peut être un peu trop ? J’ai l’impression que cette affaire l’affecte grandement. J’avais compris qu’il servait le Conseil mais sa retenue à me révéler certaines informations me laisse penser qu’il a peut être autant d’importance que Moraël pour le kaer. Se sent il responsable de la mort de Lane ? Combien d’architrames cet événement va t il impacter, au delà de la simple disparition de son esprit ?
J’essaie de stabiliser son architrame avec des mots qu’il voudrait entendre. Hum, peut être faudra t il que je pratique un peu plus…

Sur le chemin, comme à l’accoutumée, j’attire les regards des autres habitants du kaer, occupés dans les champs. Étrangement, ils sont plutôt curieux qu’inquiets. La présence des deux autres adeptes influence-t-elle la perception de mon architrame?
Nous approchons du lieu d’entrainement. Je suis ravi de rencontre à nouveau l’adepte Caraleï. Nous n’avons que peu de choses à échanger mais quand cela se produit, j’aime son côté qui va à l’essentiel, je ne perds jamais de temps avec lui.
A peine arrivés, nous avons droit à son petit spectacle d’entrée qui lui permet de se mettre en valeur auprès de ses apprentis. Ayant réussi à presque avoir un nouvel adepte s’il ne nous avait pas quitté, je m’interroge. Est-ce que se déclarer ouvertement et chaque jour comme étant un modèle auquel ressembler favorisait-il la maitrise des Disciplines pour ses apprentis ?

Toujours perspicace, il congédie ses apprentis afin que nous puissions discuter. L’adepte Vorfeld lui apprend à ma façon le décès de Lane. L’adepte Caraleï semblait se douter d’un problème du fait de l’absence de son apprenti ces derniers jours.
Très surprenant, il fond en larmes devant nous. Encore une architrame totalement perturbée par cet événement. Intéressant, quels seront les impacts à long terme sur lui de cette perte ? J’espère qu’il sera moins affecté que le dernier adepte cavalier. Il nous fait entrer dans son cabanon lui servant à stocker son matériel d’entrainement.
Il ne lui aura fallu que quelques minutes pour passer du chagrin désespéré à ce qui ressemble être une envie de justice voire de vengeance.
Après lui avoir relaté plus précisément les faits et certaines hypothèses à propos d’Ellahar, il nous apprend qu’il ne pense pas que l’elfe puisse avoir un lien avec cette histoire. Il nous encourage à l’interroger pendant qu’il ira voir Moraël Dartham pour inciter ce dernier à mettre les moyens pour que justice soit faite, la justice du kaer ou la sienne peut être. Il quitte le cabanon avec un air plus déterminé que jamais. Je sais que Moraël n’est pas très à l’aise en ma présence, comme beaucoup d’ailleurs, mais je pense qu’il va avoir du fil à retordre pour faire entendre un semblant de raison à l’adepte Caraleï.

Nous voilà tous les trois, devant le cabanon puis quittant machinalement le secteur agricole du kaer. Les hypothèses émises ce matin ont bien été chahutées par les certitudes de l’adepte Caraleï. L’adepte Montaro est, une nouvelle fois, plongé dans ses pensées et son regard met en avant tous les doutes qui le traverse. L’adepte Vorfeld, toujours entrainante, va aller sonder l’état d’esprit du Kaer lors du repas du midi mais aussi rencontrer ses apprentis qui pourront peut être approchés Ellahar et ainsi percevoir peut être un changement dans son archit… hum, dans son comportement. Faute d’autres idées, l’adepte Montaro et moi même retournerons sur les lieux où nous avons trouvé Lane afin de voir si, à la lumière de la sphère, d’autres pistes auraient pu nous échapper.

Séparés de l’adepte Vorfeld, nous avançons vers mon obituaire. Je vois bien que l’adepte Montaro est perturbé mais je n’ai pas les clefs, ni les savoirs pour traiter ce genre de situations. Quelques phrases un peu banales ne suffiront pas, je le sais, je cherche toujours à comprendre pourquoi ces perturbations d’architrame sont si différentes entre elles. L’excitation de l’adepte Vorfeld semble être décuplée alors que chez l’adepte Montaro, cet événement semble de plus en plus l’éteindre.
Au final, pas le temps de lui dire quelque chose, mes pensées m’ont à nouveau trahies et nous sommes déjà arrivés à mon obituaire. Il est midi.
Avant d’aller sur les lieux du crime, nous convenons de jeter à nouveau un oeil à la blessure de Lane afin de confirmer qu’il s’agit bien d’un marteau. L’adepte Montaro m’invite à y aller seul, mettant en avant mon expertise pour cet acte. A-t-il besoin de rester seul ? Intéressant, va-t-il être capable de stabiliser son architrame seul ou a-t-il nécessairement besoin de l’influence d’une autre ?

Assisté d’Ellyn, j’examine l’enveloppe de Lane une nouvelle fois, prends le marteau présent dans mon obituaire et reteste à nouveau la blessure. Je profite de l’autre côté du crâne pour effectuer également un test, hum, il n’est pas concluant. Le marteau n’est pas l’arme du crime. Je ressors informer l’adepte Montaro, qui semble toujours préoccuppé mais un peu mieux. Mon absence l’aurait-elle aidée ? Pourrais-je être une cause de sa baisse de moral ? J’ai déjà procuré cet effet là, mais c’était il y a longtemps. Je devrai être attentif à ce sujet avec mes apprentis. Mon architrame pourrait peut-être influencer plus que je ne pensais les autres.

Nous voilà déjà sur le Chemin des Morts, je vois l’adepte Montaro avec l’envie d’accélérer le pas. Souhaite il s’éloigner de moi, a-t-il besoin d’être seul encore ou simplement d’avoir une activité physique plus intense ? Je l’y encourage et je le vois partir d’un pas pressant, presque au pas de course. Quand à moi, nul besoin de me presser, ce qui est fait est déjà fait.

Je rejoins l’adepte Montaro quelques minutes plus tard et je vois à son regard qu’il a des choses à me dire. Il a l’air plus enjoué. L’exercice de ses talents ou de sa Discipline semble avoir fait le plus grand bien à son architrame. Il me montre le coin du muret proche de l’endroit où nous avons trouvé le corps de Lane. Une petite pointe rouge est visible. Hum, oui, nul doute désormais, c’est bien là que le futur adepte a dissout son architrame.
J’ai beaucoup plus de mal avec l’autre information dont il me fait part. Quelqu’un aurait forcé ou essayé de forcer la grille menant au mausolée. Comment ? Pourquoi ? Quel irrespect pour mon travail et celui de mes apprentis ?
Non ! Non ! Pas encore ! Je sens la colère monter. Korrode ! Tu ne peux, tu ne dois pas la laisser remonter. Je secoue la grille, non pas tant pour voir si elle est ouverte mais pour trouver un exutoire physique à mon énervement. Je l’entends, je m’entends, ma voix, ce timbre de colère poindre. “Reprends-toi adepte” m’aurait dit l’adepte Rek’Lar. Je répète mentalement plusieurs fois cette phrase. Voilà, mon architrame se stabilise. Combien de minutes se sont-elles écoulées ? Peu d’après le regard que me jette l’adepte Montaro, attendant mes intentions. Il me montre un petit bout de métal et m’explique qu’il s’agit d’un outil d’entrainement souvent utilisé par les personnes agiles, peut être les adeptes voleurs même. Je lui demande s’il pense que c’est l’un de ses apprentis. Il me dit qu’ils sont plus doués que çà et qu’ils n’auraient jamais massacré la serrure comme elle l’a été. Je le crois, je vois qu’il est aussi fier que l’adepte Caraleï de ses apprentis. Devrai-je également féliciter mes apprentis pour toutes les tâches difficiles et nombreuses qu’ils exécutent avec rigueur et abnégation ?

Quoiqu’il en soit, il faut aller vérifier le mausolée de l’adepte Velish‘Omel. Malheureusement, la serrure de la grille a tellement été dégradée que même avec la clef il m’est impossible de l’ouvrir. L’adepte Montaro me propose son aide. Je pense que l’exercice de sa Discipline ne peut faire que grand bien à son architrame et c’est donc volontiers que j’accepte sa proposition. La puissance du mana est infaillible à celui qui sait la maitriser. Il ne lui faut que quelques instants pour déverrouiller la serrure. Je rentre dans la petite cour devant le mausolée. Rien ne semble y avoir été dérangé. J’arrive devant la porte et je constate que la serrure a également été dégradée. Mon agacement revient. Heureusement, le pic est moindre et je reprends plus rapidement mon calme. En jouant un peu avec la clef, l’adepte Montaro réussit une nouvelle fois à la déverrouiller. Il me laisse pénétrer dans ce lieu sacré à ses yeux. Je rentre en espérant ne pas trouver l’auteur de ce saccage, j’aurai peut être du mal à contenir ma colère. Par les Passions, pourquoi dois-je contenir celle-ci tout le temps ?
Je fais un rapide tour de cette petite pièce où trône le sarcophage contenant l’enveloppe de l’ancien adepte. J’aperçois un petit cercle d’environ 1m de diamètre au sol proche du sarcophage. Il semble être fait de farine, de sel ou de sucre. Je goûte. C’est du sel. Tout ce saccage pour faire un cercle de sel. Un cercle de sel et la mort d’un futur adepte. Les deux sont-ils liés ? Ils le sont désormais, le monde en a décidé ainsi. Je ressors informer l’adepte Montaro ainsi que l’adepte Vorfeld qui nous a rejoint.
Nos pensées convergent sur le fait de vérifier les autres mausolées. L’adepte Montaro s’élance rapidement vers le mausolée de l’adepte voleur Laëlle, la sylpheline. Oui, la serrure a également été dégradée. Nous le rejoignons.
Avec une meilleure dextérité et peut être un meilleur calme aussi, je réussis à ouvrir la serrure de la grille ainsi que celle du mausolée. Le sarcophage a l’intérieur est ouvert et l’enveloppe de l’ancienne adepte n’est plus là.
Je perçois chez mes deux compères un certain émoi de cette disparition, beaucoup plus qu’un désagrément matériel. Il est de plus en plus que nos architrames seront liées par la mort de Lane, plus que je ne le croyais hier à la découverte du corps. Nous repartons vérifier le sarcophage de l’adepte Velish. Il n’a pas été profané, au grand soulagement de l’adepte Montaro et l’adepte Vorfeld. Que pourrais bien faire un voleur avec une deuxième enveloppe vide ?

Nous remettons tant bien que mal les choses à leur place et refermons les portes et grilles. Mes deux compagnons insistent pour tenir au courant le conseil. Après avoir donné quelques consignes à mes apprentis et leur avoir posé de nouvelles questions restées sans réponse, nous voilà en direction du conseil. L’adepte Vorfeld, comme à son habitude, émet beaucoup d’idées et d’hypothèses. L’interaction avec les autres architrames est vraiment un moteur pour cet adepte.
Arrivés aux portes, Glaive, nous ouvre, toujours un peu surpris de voir 3 adeptes réunis.
Il nous annonce et Moraël nous reçoit dans son bureau. Il est accompagné de l’archiviste, c’est une bonne chose. Comme à l’accoutumée, je laisse les autres parler pour moi.

Lors de cet échange, j’apprends qu’Ellahar est gardé en cellule de dégrisement par Orik. L’archiviste est étonné de toutes nos découvertes mais n’a aucun souvenirs ou connaissances liés à ce que nous lui reportons. Moraël va ordonner que les mausolées soient gardés. Je me réjouis dans un sens mais me dis également que les trames des lieux vont être perturbées. Il me faudra peut-être du temps pour qu’elles soient à nouveau stables. Moraël nous suggère d’aller voir l’adepte sorcier Vastan. C’est une excellente idée. Ce nain aura peut être les connaissances qui pourront nous donner de nouvelles pistes. J’aime bien cet adepte. Parfois, on arrive à se comprendre. Pas souvent car il ne voit pas les trames comme je les vois mais il est arrivé que nous ayons des discussions ésotériques et métaphysiques très intéressantes.
Je suis content de sortir du bureau, beaucoup trop d’excitation à mon goût. Moraël et l’archiviste sont encore plus excités que l’adepte Vorfeld, parlant d’impact pour le kaer, tentant de transférer une partie de cette excitation vers nos architrames. Nul doute que l’adepte Vorfeld aura été réceptive à ce transfert. Il faudra que je surveille l’adepte Montaro. Cela va t il aider son architrame ou au contraire le replonger dans une certaine morosité.

Une nouvelle fois, mes pensées m’ont donné la sensation de traverser rapidement le kaer pour nous retrouver devant la porte de l’adepte Vastan. Nous rentrons, l’adepte Montaro en premier. Je connais les lieux et je sais qu’ils ne sont pas adaptés à ma taille. L’adepte Vastan, tout content de voir l’adepte Montaro et l’adepte Vorfeld au début, semble un peu plus inquiet quand il me voit me déplacer lentement dans toute sa quincaillerie remplie d’objets hétéroclytes multicolores. Rapidement, nous lui détaillons la raison de notre venue. Comme à son habitude, son esprit vif mais trop espiègle à mon goût se joue un peu de nous. Il semble connaître la raison du cercle de sel mais ne nous en dira pas plus pour le moment. Il veut que l’on aille interroger le gardien de l’entrepôt afin de savoir s’il lui manque du sel. Cette piste d’investigation avait été émise par l’adepte Vorfeld mais ne nous semblait pas prioritaire. La validation du vol de sel ne nous aurait pas permis de démasquer le voleur pour autant.

Arrivés devant la porte de Markel, le responsable nain de l’entrepôt, l’adepte Montaro, incité par l’adepte Vastan frappe à la porte. Le pauvre Markel est très surpris de voir 4 adeptes devant sa porte. Sous les injonctions amusantes de Vastan, l’adepte Montaro mène l’interrogatoire sur le vol du sel. Markel, gêné, finit par avouer la disparition de sel il y a quelques jours. L’adepte Vastan jubile de cette vérité avouée. Là, où je lui reconnais ses connaissances, a été de faire demander ce qu’il y avait d’autres qui avait été volé. A cet instant, Markel est devenu plus pâle. Une pâleur coupable d’un événement caché. Il finit par dire qu’une pièce d’orichalque a également été dérobée. L’orichalque, la matière utilisée pour construire et protéger le kaer des Horreurs. Aujourd’hui, cette matière n’a plus aucune valeur.
L’adepte Vastan est fier d’avoir eu à nouveau raison. Un point commun avec l’adepte Caraleï qui aime être flatté et montré comme étant le meilleur. Faut-il avoir ce trait de caractère pour développer sa Discipline ? Je ne perçois pas ce besoin de reconnaissance chez l’adepte Montaro. Chez l’adepte Vorfeld, cela semble naturel de part sa maitrise de sa Discipline de représentation. Je devrai tester mes apprentis pour voir si l’un d’eux possède ce trait de caractère. L’ai je moi même ? Peut-être, je n’ai personne capable de comprendre ce que je sais et ce que je vois. Je n’en fais pas état mais au fond de moi, je sais que je suis le seul à savoir. Aurai-je dépassé ce stade de besoin de reconnaissance ? Serai je plus imbu de moi même que le sont les autres adeptes ?
La rougeur du visage de Markel me ramène à l’instant présent. L’adepte lui passe un léger sermon à demi-dissimulé et l’encourage à relater les faits ainsi qu’à améliorer la garde et la gestion de ses stocks.

Nous repartons chez l’adepte Vastan qui est tout fier de détenir un savoir que nous attendons avec impatience. Il ne nous fait pas languir trop longtemps et nous parle d’un rituel réservé aux adeptes de 5ème cercle qui nécessite une pièce d’orichalque ainsi que l’enveloppe d’un ancien adepte. Ce rituel nommé “Le rituel du maître fantôme” permettrait à un adepte de rappeler un ancien adepte disparu afin de pouvoir acquérir certains savoirs. L’existence de ce rituel me perturbe quelque peu. Est ce possible de reconstituer une partie de l’essence d’une architrame dissoute ? L’existence de plans dans l’astral pourrait expliquer cela peut-être mais la Passion de la Mort a disparu. Est ce sa disparition qui permet cela ou au contraire, cela veut-il dire qu’elle n’a pas vraiment disparue ?
L’adepte Vastan nous indique également qu’il est peu probable que celui qui tente de faire cela réussisse, le rituel n’ayant jamais été transmis à sa connaissance. Il trouve étrange qu’il a évoqué le sujet de ce rituel récemment avec l’un de ses apprentis.
Voici une nouvelle piste à suivre.